Contexte
Un an après l'apparition du premier cas, l'épidémie de Covid qui a tué au moins 2'401'301 personnes* dans le monde, se révèle de plus en plus complexe et loin d’être contrôlée. Des mesures de quarantaine et d’hygiène sont mises en place pour éviter la propagation de la maladie, impactant l’économie et figeant les populations dans un stress quotidien et une lassitude grandissante. La souche initiale de SARS-Cov-2 identifiée en 2019 est suivie de plusieurs variants, qui inquiètent. Il est vrai que les scientifiques ont su remarquablement innover, proposant rapidement des vaccins de génération 2.0 à base d’ARN viral. Mais de nombreuses questions sont restées en suspens. Le vaccin est-il efficace contre tous les variants du Covid ? Protège-t-il de la même façon toutes les personnes et surtout celles avec un système immunitaire défaillant, dont les pathologies conduisent à un risque élevé de forme grave de la maladie ? Quelle est la durée de protection du vaccin pour ces personnes vulnérables et le type de réponse mesurée dans le sang ?
(*) selon le comptage de l'Université Johns Hopkins du 15 février 2021.
Projet
Ce projet de recherche d’une équipe du Centre de vaccination de la Faculté de médecine de l’Université de Genève et des Hôpitaux universitaires de Genève porte sur les effets de la vaccination sur les plus vulnérables. Ceux qui luttent contre un cancer, qui ont été transplantés, ou qui sont atteints d’une maladie auto-immune grave telle que la sclérose en plaques ou une polyarthrite rhumatoïde, par exemple, reçoivent des traitements qui affaiblissent leur système immunitaire. Plus fragiles à toutes infections, ils sont constamment en danger. Pour les protéger, on les isole encore plus, ce qui rend l’accès à leurs soins plus difficile et pèse lourdement sur leur état psychologique déjà ébranlé par leur lutte quotidienne contre la maladie.
où en sommes nous ?
Février 2024 : La réponse au vaccin COVID-19 à ARNm aété évalué chez des patients atteints de sclérose en plaque et de maladies rhumatismales. Les patients traités par de l'anti-CD20 (qui élimine les cellules B productrices d'anticorps) produisent peu d'anticorps, même après une 3ème dose de vaccin. Par contre, le vaccin génère un nombre important de cellules immunitaires mémoires capables d'éliminer le virus. Il est possible que cette réponse vaccinale permette d'atténuer les formes sévères du COVID-19 chez ces patients. Leur réponse inflammatoire est quant à elle identique au groupe contrôle. Cette étude a également permis de démontrer que le système immunitaire des patients atteints de sclérose en plaque est préservé malgré leur traitement anti-CD20.
Janvier 2023 : La réponse immunitaire des patients immunodéprimés au vaccin COVID-19 à ARNm a été évaluée. Les résultats montrent que ces patients produisent peu d’anticorps, même après une 3ème dose de vaccin. En revanche, le vaccin génère un nombre important de cellules immunitaires capables d’éliminer le virus, d’un ordre de grandeur similaire à celui de la population générale. Cette réponse vaccinale pourrait permettre d’atténuer les formes sévères du COVID-19 chez ces patients.
Janvier 2022 : À ce jour près de 100 patients immunodéprimés (atteints de sclérose en plaques ou de maladies rhumatismales) et 50 personnes sans problème de santé (groupe de contrôle) sont impliqués dans l'étude. Les premiers résultats ont confirmé la nécessité d'une troisième dose vaccinale pour protéger cette patientèle.
Chefs de projet
Professeure Claire-Anne Siegrist, Médecin adjointe agrégée responsable d'unité, Service de pédiatrie générale, Département de la femme, de l'enfant et de l'adolescent, Hôpitaux universitaires de Genève & Professeure ordinaire, Département de pédiatrie, gynécologie et obstétrique (CMU), Faculté de Médecine de l’Université de Genève
Professeur Arnaud Didierlaurent, Professeur assistant, Département de pathologie et d’immunologie (CMU), Faculté de Médecine de l’Université de Genève
Docteure Christiane Eberhardt, Médecin adjointe, Centre de vaccinologie, Hôpitaux universitaires de Genève & Docteure, Département de pathologie et d’immunologie (CMU), Faculté de Médecine de l’Université de Genève