Contexte
Chez plus de 60% des patients admis en unité de soins intensifs avec le SARS-CoV-2, on a constaté une encéphalopathie, celle-ci étant d’une gravité variable, du délire léger au coma. La physiopathologie de cette encéphalopathie est mal connue à ce stade. Divers facteurs externes (par ex. l’utilisation de sédatifs) et internes liés au SARS-CoV-2 ont été suggérés. La reconnaissance précoce et le traitement approprié de cette pathologie sont pourtant essentiels, car le délire est associé à une augmentation de la durée d'hospitalisation et à une mortalité plus élevée. Des glucocorticoïdes à fortes doses ont été administrés à des patients avec des résultats cliniques favorables. Cependant, les fondements neurobiologiques d'un tel traitement font encore défaut, en plus du risque d'immunosuppression chez les patients présentant une infection virale active.
Projet
Ce projet aborde le problème avec une approche multimodale, utilisant la neuro-imagerie et la biologie. Partant de l'hypothèse globale que l’encéphalopathie est associée à de mauvais résultats cliniques, l’équipe de recherche ambitionne une identification complète de l'évolution clinique de l’encéphalopathie, de ses corrélations neurobiologiques et de l'effet des glucocorticoïdes à haute dose sur les patients.
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Où en sommes-nous ?
Janvier 2024: Grâce à la constitution d’une cohorte de 97 patientes et patients avec une encéphalopathie à SARS-CoV-2 hospitalisés aux HUG, l’équipe de recherche a mis en évidence un lien entre le syndrome d’apnées du sommeil et l’encéphalopathie à SARS-CoV-2. Ce travail a été publié dans BMC Neurology. Le mécanisme biologique qui favoriserait le développement de l’encéphalopathie chez des patients avec syndrome d’apnées du sommeil reposerait sur une fragilité de la paroi des vaisseaux cérébraux chez ces patients qui serait à l’origine du passage plus conséquent de cytokines inflammatoires dans le cerveau. Ces résultats démontrent l’importance d’un dépistage du syndrome d’apnées du sommeil afin de mettre en place un traitement adapté lors d’une infection à SARS-CoV2.
Janvier 2023: L'équipe de recherche a réussi à décrire l’encéphalopathie COVID-19 sous ses aspects cliniques (importance des scores cliniques pour définir la sévérité du delirium et la céphalée comme signe récurrent), biologiques (importance de l’inflammation systémique globale décrite par la CRP) et radiologiques (endothélite neurovasculaire, changements microstructuraux du cerveau perceptible à l’IRM cérébrale). De futurs projets viseront à étudier l’atteinte chronique du COVID-19.
Janvier 2022 : Cette première année de recherche sur l'encéphalopathie liée au SARS-CoV-2 a été très productive et offre l'opportunité importante de comprendre les mécanismes qui sous-tendent cette encéphalopathie : les résultats suggèrent que l'encéphalopathie liée au SARS-CoV-2 n'est pas due à une implication virale directe, mais à une réaction inflammatoire ciblant le cerveau qui est initiée par l'infection. Cette découverte importante permet de proposer un traitement anti-inflammatoire spécifique pour traiter cette encéphalopathie. De plus, les résultats préliminaires permettent de comprendre certains mécanismes suggérant que certains individus ont des facteurs de risque clés pour développer cette encéphalopathie. Ces résultats ont été publiés dans le Journal of Neural Transmission.
Chef de projet
Docteur Gilles Allali, Médecin adjoint agrégé, Service de neurologie, Département des neurosciences cliniques, Hôpitaux universitaires de Genève & Privat-Docent, Faculté de médecine, Département des neurosciences cliniques, Université de Genève