Contexte
C’est devenu une actualité quotidienne : le risque de nouvelles vagues liées au déconfinement et de nouvelles épidémies potentielles au cours des prochains hivers est réel. Pour comprendre, anticiper, prévenir et suivre avec précision la santé populationnelle et les mécanismes de développement de maladies, il est plus que jamais essentiel de pouvoir conjuguer les données spatiales, environnementales et de santé. Des informations précises sur le mode de transmission et la localisation des premiers foyers sont nécessaires pour mener des actions de manière ciblée et limiter l’étendue de l’épidémie. En Suisse, et plus particulièrement dans l’Arc lémanique, des médecins et épidémiologistes des HUG et du CHUV, des ingénieurs et géographes de l’EPFL et des scientifiques de l’UNIGE travaillent depuis plusieurs années sur le sujet. Ils sont notamment les initiateurs de PRO-COVID, une plateforme dédiée au suivi des symptômes cliniques des personnes infectées ou suspectées de l’être par le coronavirus SARS-CoV-2.
Projet
Le projet, appelé COVID-PRO-VIEW, est la suite de leurs travaux. Il consiste à proposer la création d’une plateforme permettant de surveiller l’apparition de clusters et de désamorcer une nouvelle épidémie. Ce système de veille met en place une analyse en temps réel. COVID-PRO-VIEW s’appuie sur la récolte de données et la collaboration de chaque citoyen dans la transmission d’informations de santé qui le concerne. Aujourd’hui, la solidarité témoignée par les individus durant cette crise sanitaire mondiale, associée à une expérience de vie qu’aucun ne souhaite revivre, permet d’être confiants sur l’attitude participative de la population. Alternative à un confinement général, le projet permet d’éviter de replacer une ville, voire un pays entier dans une situation impactant fortement la vie économique.
où en sommes-nous ?
Juin 2022 : De multiples tests et une phase pilote ont confirmé le bon fonctionnement de l’outil avant son ouverture à toute la population par le bais d’une vaste campagne médiatique. Des analyses prospectives et quotidiennes ont permis de détecter des clusters et de retourner l’information sur l'état des clusters aux citoyens et aux autorités locales. Cependant, le faible nombre de reports de symptômes limite la possibilité d’effectuer des analyses rétrospectives contribuant à décrire les mécanismes sous-tendant la dynamique de diffusion du SARS-CoV-2 dans le cadre de cette étude.
L’information retournée sur l'état des clusters aux autorités a pu contribuer à renseigner l’ordre de priorité d’actions des zones d’interventions de dépistages. Bien qu’un nombre limité de clusters fut identifié et donc communiqué, cette étude a permis d’instaurer un canal optimal de transmission d’informations entre nos équipes et celles de la DGS. Aussi, il est probable que l’information retournée sur l'état des clusters aux participants symptomatiques ait pu contribuer à encourager un dépistage précoce et donc à réduire le délai de notification inhérent aux systèmes traditionnels de surveillance épidémiologique.
La campagne de communication a permis d’augmenter de cent fois le nombre d’utilisateurs de la coronApp-HUG. L’envoi de notifications aux presque 10'000 utilisateurs de l’application auraient pu inciter ces derniers à créer un compte sur @choum réduisant ainsi l’écart entre le nombre d’utilisateurs et de participant. Par conséquent, l’équipe de la Direction des systèmes d'information (DSI) a développé les processus permettant ces envois. Ils sont actuellement utilisés dans le cadre d’autres applicatifs développées par les HUG.
Grâce à la confiance et au soutien financier de la Fondation, notre équipe a pu mener à bien tous les objectifs de l’étude. L’outil @choum est le premier système de surveillance épidémiologique participatif combinant des données spatio-temporelles précises avec des analyses prospectives de clusters. En encourageant les interventions de contrôle des infections à l'échelle locale et le respect des recommandations de santé publique, cet outil pourrait être utile pour prévenir efficacement la propagation d’autres maladies. Finalement, les résultats pourraient informer d'autres recherches sur la relation complexe entre l'environnement et la santé moyennant les nouvelles technologies numériques.
Chefs de projet
Professeur Idris Guessous, Médecin chef de service, Service de médecine de premier recours, Département de médecine de premier recours, Hôpitaux universitaires de Genève et Professeur associé, Département de médecine de premier recours, Faculté de médecine, Université de Genève
Docteur José Luis Sandoval, Médecin interne, Service d'oncologie, Département d'oncologie, Hôpitaux universitaires de Genève
Monsieur David De Ridder, Assistant de recherche, Service de médecine de premier recours, Département de médecine de premier recours, Hôpitaux universitaires de Genève et Assistant, Département de médecine de premier recours, Faculté de médecine, Université de Genève
Professeur Laurent Kaiser, Médecin chef de service, Service des maladies infectieuses, Département de médecine, Hôpitaux universitaires de Genève et Professeur ordinaire, Département de médecine, Faculté de médecine, Université de Genève
Monsieur Stéphane Joost, Collaborateur scientifique, Service de médecine de premier recours, Département de médecine de premier recours, Hôpitaux universitaires de Genève
Professeur Antoine Geissbühler, Médecin chef de service, Service de cybersanté et télémédecine, Département diagnostique, Hôpitaux universitaires de Genève